Je ne sais pas si vous avez vu passer ça sur la toile, mais j'ai été interviewée en tant que maman française vivant à l'étranger!
L'interview a été réalisé par Flore, blogueuse à Adada et au dodo. Comme moi c'est une maman de deux enfants, elle est passionnée d'activités manuelles, de littérature jeunesse, elle est partie vivre loin (Dubaï!) et en plus elle fait l'instruction à la maion : courrez voir son blog!
Voici les questions que Flore m'a posée, et bien sûr, mes réponses!
1- Pour commencer, je te propose de te présenter, de nous présenter ta famille, le pays d’où vous venez, et celui où vous vivez maintenant !
Alors tout d’abord merci à toi pour ce nouveau rendez-vous “bloguesque” et surtout merci de m’avoir proposée de participer ! Nous sommes une famille de 4, le papa, la maman (moi!), Emmy (bientôt 7 ans) et Ethan (4ans). Mon mari et moi sommes originaires du nord Isère / Sud-Est lyonnais où nous avons grandi et fait une partie de nos études, puis nous avons vécu à Paris. Les enfants sont nés à Paris. En 2016 gros changement, nous partons dans un pays proche “géographiquement” (et je pensais aussi “culturellement”), la Suisse mais la Suisse alémanique (allemande), à Zürich exactement!
Éloïse et sa famille dessinée par Loli Pumpkin |
2- Qu’est-ce qui vous a amenés dans ce pays ?
Un peu le hasard, mon mari a été “débauché” par une entreprise. Nous avions dans un coin de la tête de tenter l’expatriation pour la richesse que cela apporte, mais c’était plutôt une envie encore floue et plutôt tournée vers un pays anglophone… Au 1er coup de fil de l’entreprise mon mari à juste répondu ” à Zurich? non merci”. Au 2eme coup de fil (ils ont insisté) mon mari m’a dit “tu sais pas la meilleure, ça fait deux fois qu’on m’appelle pour me vendre un poste en Suisse!” “En Suisse allemande? haha, très drôle”. Mais l’idée a fait son chemin et les Suisses ont continué d’insister. On a donc saisi la chance qui s’offrait à nous, “presque” toute prête.
3- Décris-nous un peu ta vie ici :
Étant enseignante dans l’éducation nationale en France, je n’ai pas pu retrouver mon boulot ici (d’autant plus que je suis prof d’histoire-géographie à la base, matière pas vraiment “expatriable”!!). Nous avons fait le choix de mettre nos enfants dans le système scolaire suisse. Ici l’école commence tard : selon la date de naissance. Mais du coup Ethan ne rentrera à l’école que l’année prochaine, année de ses 5 ans (question de dates butoirs, il est né 11 jours trop tard pour faire sa rentrée cette année…). Donc il est en crèche et comme les crèches coûtent un bras ici, il n’y va que 3 jours par semaine. Je suis donc devenue maman au foyer/ prof de français pour les enfants 3h par semaine / prof de français à domicile. Je ne désespère pas avoir un jour un poste au lycée français de Zurich, il faut juste qu’un des profs d’hist-géo déjà en poste pense à rentrer à France, l’année prochaine si possible ! Je n’ai évidemment aucune aide ici car nous sommes quand même à 5h de voiture ou de train de Lyon donc cela reste compliqué pour la famille de venir juste pour un week-end par exemple. Mais cela ne change pas trop par rapport à Paris, je n’ai jamais connu la chance d’avoir de la famille près de moi pour me relayer dès que besoin.
L’autre grand changement c’est la langue… ou plutôt LES langues.
En Suisse alémanique, les “vrais” suisses parlent un dialecte, le suisse-allemand, propre à chaque micro-région (un peu comme un patois). Et ce dialecte est obligatoire à l’école maternelle (Kindergarten). Mes enfants ont donc appris le suisse-alemand et nous l’entendons régulièrement dans la rue. Ensuite la langue administrative et la langue des études dès la primaire est le “pur allemand” (Hoch Deutsch). Emmy commence donc l’allemand (elle est en 1ère primaire) et je prends moi aussi des cours… Mais rien n’est aussi simple car finalement l’allemand est très peu utilisé dans la rue. On entend parler suisse allemand (et c’est vraiment différent) et anglais car il y une importante population expatriée en Suisse. Donc j’ai beaucoup progressé en anglais aussi et c’est la langue que j’utilise finalement le plus avec nos connaissances.
4- Quel est le changement culturel qui t’a donné le plus de mal pour t’adapter à ta nouvelle vie ?
J’ai le droit de répondre la nourriture? Entre le coût de la nourriture ici, l’absence de variété (des produits suisses, encore des produits suisses, toujours des produits suisses) et l’absence de bons resto… je trouve que cet aspect montre tous les cotés énervants de la Suisse : le fait d’être un pays fermé et centré sur lui-même (et des personnes assez fermées aussi…), l’absence de goût (), les prix élevés….
5- Et l’aspect culturel que tu adores dans ton pays d’adoption ?
La place de l’enfant (même si elle est à nuancer, voir question 6), la place de la nature, la droiture des Suisses (qui est agréable mais parfois aussi agaçante), le sentiment de sécurité du pays, la propreté et l’importance des traditions autour d’un “plaisir de vivre ensemble” très important… bref tout ce que nous n’avions pas/plus à Paris. Entre la pollution, les militaires postés devant la maternelle d’Emmy depuis les attentats, les bouchons et les parcs bétonnés, nous avons complètement changé d’environnement et j’en suis plus qu’heureuse pour mes enfants (et nous bien sûr!).
6- Quelle est la place de la mère et de l’enfant dans le pays dans lequel tu vis ?
Voilà un des nombreux paradoxes suisses. La place de l’enfant est très importante… du moment qu’il reste à la place qu’on leur délimite! Ainsi il y a partout des aires de jeux absolument canonissimes, en ville mais aussi en pleine montagne, beaucoup de choses sont consacrées et pensées pour les enfants : des chemins de rando avec carte aux trésors, beaucoup de chemins sensoriels (par exemple ici) des espaces enfants dans chaque animation/festival/expo (par exemple pour la course de Formule E (formule 1 électrique), tout un espace était consacré aux enfants qui avaient leur propre circuit avec des voitures à pédales ! Les enfants sont choyés, on pense tout le temps à eux dans l’agencement/le mobilier urbain, on cherche partout à les étonner, les intéresser, les faire rêver. Cependant j’ai aussi vécu des situations assez inédites avec des personnes âgées qui criaient “chut” à mes enfants qui se chamaillaient dans la rue en pleine journée ou des Suisses qui râlent et font des réflexions dans le train car une maman a eu l’outrecuidance de prendre le train avec sa poussette en heure de pointe… Mais on est là en plein dans ce que j’appellerais « le paradoxe suisse-allemand » !
7- Comment se passe la scolarité de tes enfants ?
Emmy est à l’école locale suisse depuis que nous sommes arrivés. Elle a donc fait 1 an et demi de Kindergarten (école martenelle) et elle vient de rentrer en Erste Klasse (Première Primaire, équivalent CP). L’école est gratuite mais tout ce qu’il y a à coté (cantine, garderie) est payant, au tarif suisse donc plutôt cher. Le repas avec 2h de garde (11h50 a 13h45) coûte par exemple 18 euros pour nous. Mais les prix sont axés sur le salaire et surtout le repas et la garde se font dans une ludothèque/atelier créatif qui ferait rêver n’importe qui : Lego, énormes boîtes de Playmobil, Kapla et autres jeux à disposition, toutes les matières premières pour le bricolage accessible et des idées de bricolages sont proposées, tissage, salle de bibliothèque… Concernant l’école en elle même, Emmy a classe de 8h20 à 11h50 du lundi au vendredi et les après-midi de 13h45 à 15h30 sauf le mercredi et le vendredi. Les élèves sont priés d’aller à l’école à pieds. Oui oui, je parle de cette particularité ici. Le vendredi après-midi, n’étant pas de langue maternelle allemande, elle bénéficie de cours d’allemand mis en place par le canton, gratuits, en extra petit groupe (ils sont trois) et elle a quelques autres heures aussi dans la semaine.Elle a également des cours de bricolage, de couture, de musique, de piscine, de découverte du monde, de maths et d’allemand bien sûr…
Toute l’école est pensée (je trouve) autour de 2 mots clefs : autonomie et créativité.
Les recherches sur les intelligences multiples sont bien assimilées ici et on apprend les maths, par exemple, de toutes les façons possibles : en bougeant, en chantant et en bricolant même! Beaucoup de cours ont lieu en demi-groupe alors que la classe ne comprend déjà que 17 élèves… Les élèves ne découvrent les lettres, le graphisme, les sons et les chiffres que lors de leur entrée en primaire. le Kindergarten est centré sur le jeu et le développement de compétences sociales. Enfin le matériel a disposition des élèves est très important et de grande qualité…
Bref, vous l’avez compris, cette école me fait rêver. Je ne suis pas sure que l’on puisse généraliser à toute la Suisse allemande.
L’éducation primaire est financée par les communes et nous sommes dans une commune très riche, qui finance beaucoup son école. Pour plus de renseignements sur le système scolaire suisse : ici.
Cadeau de bienvenue aux élèves de première année, par les élèves de 3ème année |
8- En quoi cette expérience a-t-elle été enrichissante pour ta famille? Et pour toi ?
Définitivement pour les langues et l’environnement dans lequel on vit maintenant. Nous avons changé de monde, d’air et l’on profite d’une ouverture culturelle énorme : 70% de la population de notre ville est étrangère, du monde entier. Dans notre résidence nous avons des voisins belges, iraniens, égyptiens, allemands, sud-africains, anglais, japonais, polonais… et je dois en oublier ! Je suis très heureuse aussi de permettre à Emmy et Ethan de vivre dans une atmosphère beaucoup plus apaisante, tranquille, sereine avec un accès à la nature beaucoup plus direct : nous sommes à 2 minutes à pied du lac de Zürich, à coté des montagnes.
9- Si je viens passer quelques jours chez toi, qu’est-ce que tu m’emmènes visiter ?
Dure question… cela dépend aussi de la saison : en été, tour dans la ville de Zurich le matin avec arrêt pour un chocolat chaud/ dégustation de chocolat. Midi repas dans un resto décalé au bord du lac. Après-midi évidemment, baignade au Badi (j’en parle ici). En hiver, l’après-midi serait consacrée aux thermes de Zurich ou au ski selon ton envie ou encore au super zoo de Zurich si tu viens avec tes enfants ! On terminerait évidemment par une raclette ou encore mieux par une fondue!
10- Et après ? Vous restez ? Vous rentrez dans votre pays d’origine ? Vous partez ailleurs ? Quelles sont vos souhaits pour l’avenir ?
Aucune idée. N’ayant pas un statut d’expatrié avec un contrat limité dans le temps, on va rester le temps que l’on se plaît. L’apprentissage de la langue demande à toute la famille beaucoup d’efforts donc le but n’est évidemment pas de rentrer dans l’immédiat. Mon principal souhait pour l’instant c’est de réussir à enseigner l’écriture et la lecture du français à mes enfants ;-).
Merci beaucoup Fore pour ce questionnaire que j’ai pris plaisir à remplir. Je suis curieuse d’avoir aussi ta version de l’interview, avec tes propres réponses .
Génial cet article ! On apprend plein de choses et c'est super intéressant de découvrir les vies ailleurs : bravo à toutes les deux :)
RépondreSupprimersympa cet interview ! et oui à la fois proche et trop loin la suisse pour faire un aller retour , plus difficile d'accès en tout cas que paris qui je je l'avoue me manque un peu à moi c'était sympa la capitale en touriste venant de la campagne ! mais bon votre qualité de vie est bien meilleure et c'est essentiel !
RépondreSupprimerbises
Je sais bien, il va falloir aller voir Paris en touriste!
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