Nous sommes en Suisse alémanique depuis maintenant 1 an (le 24 octobre!) et je m'étonne tous les jours des progrès de mes loulous en suisse-allemand.
Emmy n'a maintenant plus aucune difficulté à se faire comprendre de ses camarades et elle est capable d'exprimer ses besoins, envies. Evidemment elle manque encore de vocabulaire mais elle a appris si vite... C'est vraiment impressionnant (et énervant) pour nous, adulte.
La coupure des 5 semaines de vacances d'été, passées en France, sans un mot de suisse, lui a fait beaucoup de bien. Cela a permis aux acquis de cette nouvelle langue de "mûrir" et se renforcer.
Elle a aussi très bien intégré que le suisse-allemand n'est pas "l'allemand-pur" et qu'elle devra l'apprendre dès l'année prochaine (pour la lecture/écriture). Elle est très curieuse de nouveaux mots et passe beaucoup de temps avec son papa à lire des imagiers et des livres en allemand et/ou suisse-allemand.
Ethan de son côté comprend les gens qui lui parlent en suisse-allemand. Il a très vite acquis le vocabulaire de base : ja, nein, da ("là") et arrive toujours à se faire comprendre d'une manière ou d'une autre. Récemment son vocabulaire s'est enrichi et j'ai l'impression que l'on est passé à une phase "parole" après une phase "d'écoute" : "pipi machen", "k(rr)ommt (à la suisse)... Il n'est à la crèche que depuis 6 mois et seulement 2,5 jours par semaine donc je trouve qu'il progresse plutôt vite!
Par ailleurs son meilleur copain à la crèche est italien : Ethan lui parle donc en français, écoute les réponses de son copain en italien pendant que les animatrices leur parlent en suisse-allemand : aucun problème!
Je me pose évidemment beaucoup de questions autour de l'acquisition de cette nouvelle langue. On m'avait dit "en six mois ils savent se débrouiller". Et c'est vrai, au bout de 6 mois Emmy s'en sortait déjà plutôt bien. En revanche je n'avais pas réalisé quels efforts cela demandait aux enfants. Alors qu'Emmy ne va à l'école que le matin ici, elle est épuisée par la concentration que cela exige pour écouter et comprendre ses camarades, la maîtresse, tout ce qui se passe autour d'elle.
Je me pose aussi beaucoup de questions par rapport à la langue française, leur langue maternelle : est-ce qu'ils vont la perdre, à quel point? Moi qui adore la lecture et qui a déjà toute une bibliothèque prête pour le jour où ils sauront lire, je me demande si ils aimeront lire en français et si ils ne préféreront pas lire en allemand...
Pour tenter de répondre à certaines de ces questions on m'a conseillé ce livre : "Guide à l'usage des parents d'enfants bilingues" de Barbara Abdelilah-Bauer.
Le livre donne des conseils sur le bilinguisme en s'appuyant sur les dernières recherches et de nombreux témoignages. Toutes les situations sont analysées : couple mixte, expatriation, apprentissage précoce.
Grâce à ce livre j’ai appris plusieurs choses:
- D'abord, à l'instar de l’acquisition de la langue maternelle, l’enfant qui apprend une seconde langue commence par un premier palier, assez lent, où il apprend une cinquantaine de mots. Il y a ensuite une «explosion lexicale» où l’enfant apprend de nouveaux mots tous les jours.
- Il existe des bilingues actifs mais aussi des bilingues « passifs » (dans les familles mixtes où le parent veut transmettre sa langue, non-utilisée dans le pays) : les enfants élevés avec une seconde langue peuvent ne pas prononcer un mot dans cette langue pendant des années (mais ils comprennent très bien ce qu’on leur dit), jusqu’à en avoir vraiment besoin, seul et en dehors de la famille.
- Il faut entre 1 à 2 ans pour que l’enfant soit tout à fait à l’aise pour communiquer (Emmy par exemple est en train d'atteindre ce niveau) et entre 3 à 5 ans pour que des enfants qui n’avaient qu’une seule langue maternelle acquiert le même niveau dans une seconde langue quand ils vivent dans un nouveau pays (et qu’ils sont confrontés à cette langue à l’école).
- Enfin, et ça me touche vis à vis du français et de mes origines, c’est la langue de l’école et surtout du jeu qui devient la «langue majoritaire» et la seconde langue, pourtant langue maternelle chez nous, devient la «langue faible».
Évidemment chaque situation est personnelle. Chez nous le français est très présent car nous parlons tous français à la maison, nous voyons très régulièrement la famille car nous sommes proches de la France et il y a toute une communauté française à Zurich.
Du coup je suis vraiment curieuse de voir comment cette question des langue va évoluer!
Avec deux parent qui parlent français à la maison et la famille qu'ils voient souvent, ils ne devraient pas oublier leur langue maternelle, à l'oral c'est sûr peut être plus problématique pour l'écrit mais quand la lecture sera bien maitrîsée Emmy ne résistera pas à tous ces merveilleux livres en français qui l'attendent !
RépondreSupprimerbises
Oui j’espere En tout cas!!
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